Par Amandine Larrivière, ingénieure agronome responsable de la communication scientifique chez LAPSA. Publié le 04 mars 2024
Temps de Lecture 8 min.
Par peur instinctive de perdre la nourriture, le chien avale vite, sans trop mâcher et l’aliment arrive très peu transformé dans le tube digestif qui est court, caractéristique d’un régime carnivore. L’estomac et l’intestin grêle représentent plus de 85 % de son volume total. Le temps de séjour du bol alimentaire y est faible et la digestion y est essentiellement enzymatique (digestion chimique rapide et efficace), permise par un foie et un pancréas bien développés. Le travail digestif se termine dans le côlon où se trouve le plus grand nombre de bactéries du microbiote). Vient ensuite le temps des fèces qu’il faut savoir observer et analyser pour évaluer l’état de santé des chiens de votre élevage [Source 1].
Le chien possède 42 dents et 2 000 papilles gustatives (32 et 9 000 pour les Hommes).
Les chiens avalent et ne mâchent que très peu, comportement instinctif de peur de perdre la nourriture.
La salive n’a alors que peu d’importance dans la digestion. La dentition chez le chien permet de déchirer, trancher et broyer différents types d’aliments. La salive, riche en mucine, contient très peu d’enzymes et ne sert qu’à lubrifier le bol alimentaire. Qu’il s’agisse d’une ration ménagère ou d’aliments industriels, l’ingesta arrive donc relativement peu modifié dans l’estomac [Source 2].
Le bol alimentaire avance le long de l’œsophage qui se contracte de façon involontaire et arrive dans l’estomac. L’estomac sécrète des sucs gastriques et s’actionne mécaniquement pour brasser ce bol alimentaire. Les nutriments sont absorbés en majorité et passent dans le sang. L’estomac du chien est très dilatable et joue un rôle de réservoir (il représente 62 % du volume total du tube digestif). 50 % du bol alimentaire est dégradé à deux heures post-ingestion (90 % à neuf heures). La sécrétion d’acide chlorhydrique (0,6 %) y est abondante, pour un pH proche de 1, conférant une grande résistance aux aliments altérés et permettant une digestion préalable des protéines par la pepsine. L’action de la lipase gastrique est en revanche négligeable, de même que celle de l’amylase. Le reste du bol alimentaire progresse dans l’intestin grêle (péristaltisme intestinal) [Source 3].
L’intestin grêle du chien est court (2 à 6 mètres) et représente seulement 23 % du volume total du tube digestif, pour un temps de séjour de seulement deux heures. Le côlon est encore plus court (20 à 80 cm), mais le transit y dure beaucoup plus longtemps. Au total, le transit complet se fait en 24 à 48 heures, ce qui est rapide. C’est dans l’intestin grêle qu’a lieu l’essentiel de la digestion et de l’absorption des nutriments.
La digestion étant rapide, les aliments non adaptés sont donc rejetés en grande quantité vers le côlon.
La surface d’absorption de l’intestin grêle est très développée, avec de nombreux replis, villosités et microvillosités. Les nutriments résultant du processus de digestion sont ensuite absorbés par les entérocytes (cellules des intestins et du côlon) selon différents mécanismes (diffusion passive ou facilitée, transport actif par des transporteurs plus ou moins spécifiques...) avant de rejoindre la circulation sanguine ou lymphatique [Source 4].
Nous l’avons dit, la digestion est essentiellement chimique et dépend donc de nombreuses sécrétions qui interviennent au niveau du foie, du pancréas et de l'intestin :
Le foie
Les sécrétions biliaires permettent la mise en émulsion des graisses.
Le pancréas
Les sécrétions pancréatiques sont nombreuses :
Carbonate de sodium : il permet la neutralisation de l’acidité stomacale.
Lipase et colipase : ils aident à la digestion des lipides.
Endopeptidases (trypsine, chymotrypsine, élastase, collagénase...) et exopeptidases (carboxypeptidase...) : elles aident à la digestion des protéines (seule l’élastase peut s’attaquer à l’élastine du collagène, des tendons et du tissu conjonctif).
Amylase : il aident à la digestion de l’amidon.
Les intestins
Les sécrétions intestinales sont tout aussi importantes :
Entéropeptidase : il permet l’activation de la trypsine.
Peptidases (exo et endo peptidases) : ils aident à la digestion des protéines.
Maltase, saccharase et lactase : digestion des sucres.
Les déchets non digérés arrivent donc dans le côlon, où certains microorganismes assurent une fermentation pour digérer certaines fibres.
Composition du microbiote intestinal
Le microbiote intestinal désigne l’ensemble des microorganismes contenus dans le tube digestif et notamment en grande quantité dans l’intestin grêle et le côlon. La quantité et la diversité des bactéries le constituant augmentent en progressant du duodénum vers le côlon. Ainsi, chez le chien, les études estiment de 10^2 à 10^5 UFC/g (Unité Formant Colonie par gramme, autrement dit le nombre de colonies de bactéries par gramme) le nombre de bactéries dans l’intestin grêle, et jusqu’à 10^11 dans le gros intestin (équivalent à des dizaines de milliards jusqu’à des centaines de milliards de bactéries).
A savoir : Le comptage des bactéries une à une, est chose quasiment impossible. L’unité utilisée pour quantifier les bactéries est l’UFC : l’Unité Formant Colonie. On recense les colonies (ensemble de bactéries) et non les bactéries. Les études estiment qu'il y a jusqu'à 10 fois plus de bactéries dans le côlon que dans l'intestin grêle (dans les deux cas, on parle en dizaines ou centaines de milliards).
Fonctions métaboliques du microbiote
On sait aujourd’hui que le microbiote contribue activement et significativement à la santé digestive et la santé générale de l’hôte.
Les principales sources d’énergie pour le microbiote sont les fractions glucidiques et protéiques contenues dans les fibres alimentaires non digérées dans les intestins et arrivées dans le côlon. Leur biotransformation par fermentation par les bactéries, permet à ces dernières d’obtenir l’énergie nécessaire à leur croissance et entraîne la production de nombreux métabolites qui sont, pour la plupart, absorbés et utilisés par l’hôte : enzymes, acides aminés, vitamines, acides gras volatils...
Le microbiote participe ainsi à des processus physiologiques vitaux incluant :
le métabolisme et le réglage de l’équilibre énergétique
la maturation de la muqueuse digestive (développement des microvillosités et production du mucus)
la régulation de la motilité intestinale (capacité de mouvement de l’intestin)
la maturation du système immunitaire local
Il joue aussi un rôle de barrière (par compétition) contre les mauvaises bactéries (pathogènes). Un microbiote sain va permettre une digestion et une absorption optimale des nutriments [Source 5].
Les bonnes pratiques pour les éleveurs :
Outre le fait de bien alimenter vos chiens (qualité des croquettes, distribution dans la journée, hydratation etc…), il est important de surveiller les fèces de vos chiens, qui seront riches d’enseignements.
Après tout ce parcours via le tube digestif, les déchets sont évacués sous forme de selles et peuvent donc nous renseigner sur la digestibilité d’un aliment.
Les selles petites et compactes témoignent d’un régime facilement digérable. Les selles volumineuses et avec une odeur, témoignent d’une alimentation peu digestible. Sauf si le régime en fonction est riche en fibres : insolubles, solubles et prébiotiques.
Le chien en bonne santé élimine entre 2 à 3 fois par jour.
Le temps de digestion dure entre 4 et 15 heures selon les caractéristiques du chien (race, âge, taille, activité, régime). Si le chien ne rend qu’une selle par jour, il est considéré comme constipé, cela signifie que la digestion est difficile et que l’alimentation est trop sèche. Si au contraire le chien élimine 4 ou 5 fois par jour, cela signifie que le transit est trop rapide synonyme de stress. Il faut vérifier que la qualité nutritive corresponde bien aux besoins énergétiques à l’entretien du chien. Il est recommandé de privilégier des aliments pauvres en céréales et amidon pour les chiens ayant un système digestif fragile [Source 6].
A savoir : Le temps de transit complet et le temps de digestion sont deux concepts un peu différents. Le transit complet prend en compte que l'ensemble des nutriments y compris les fibres soit digéré et éliminé en selles. Le temps de digestion prend en compte les premières selles uniquement, correspondant à la majorité des nutriments digérés mais pas à l'ensemble.
L’observation des selles de chiens peut permettre de déceler des maladies ou des problèmes de digestion.
Il est donc important de connaître les termes descriptifs adéquats ainsi que leur signification. Les déjections fécales sont décrites par la couleur, l’aspect, la consistance, le volume. Parfois, nous pouvons également rencontrer de l’herbe dans les fèces des chiens. C’est également un comportement ancestral chez le chien, cela lui permet d’éliminer quelque chose qui le gêne, en vomissant. Il existe un échelle de score fécal permettant de noter de l’état des selles de chien [Source 7].
Le point LAPSA :
Certaines de nos croquettes influent sur la quantité de fèces et sur leur texture. Celles-ci étant plus nombreuses et plus molles que d’origine. Ceci est dû à la présence importante mais raisonnée d’un mélange équilibré de fibres qui ont des nombreuses vertus pour l’organisme du chien et pour sa digestion notamment.
L'inclusion de fibres solubles, insolubles et prébiotiques dans l'alimentation des chiens peut apporter plusieurs avantages pour leur santé digestive et globale :
Fibres solubles :
favorisent la santé intestinale en nourrissant les bonnes bactéries dans le gros intestin, ce qui peut aider à maintenir un équilibre microbien sain.
peuvent aider à réguler le transit intestinal en absorbant l'eau et en formant un gel, ce qui peut prévenir la diarrhée ou la constipation.
contribuent à contrôler la glycémie en ralentissant l'absorption des glucides, ce qui peut être bénéfique pour les chiens atteints de diabète ou prédisposés à des problèmes de glycémie.
Fibres insolubles :
favorisent la santé digestive en augmentant le volume des selles, ce qui peut aider à prévenir la constipation en favorisant le mouvement des matières dans le tube digestif.
aident à éliminer les débris et les toxines du système digestif en agissant comme un "balai" naturel, ce qui peut réduire le risque de problèmes intestinaux tels que les obstructions ou les inflammations.
Fibres prébiotiques
stimulent la croissance et l'activité des bonnes bactéries dans le gros intestin, favorisant ainsi un microbiote intestinal équilibré et sain.
renforcent le système immunitaire en favorisant la production d'acides gras à chaîne courte, qui ont des effets bénéfiques sur la santé intestinale et peuvent réduire l'inflammation.
peuvent améliorer la digestibilité des aliments et favoriser une meilleure absorption des nutriments.
En intégrant une combinaison de fibres solubles, insolubles et prébiotiques dans l'alimentation des chiens, on peut favoriser une meilleure santé digestive, renforcer le système immunitaire, et améliorer globalement le bien-être de l'animal.
Prébiotiques LAPSA : pulpe de chicorée (inuline), pulpe de betterave (pectine), tapioca, amidon de riz, son de blé, lentilles, pois, canneberges, carottes, brocolis, épinards, pommes, myrtilles…
Nous avons également inclus des probiotiques pour compléter l’action de nos prébiotiques :
Les probiotiques sont des micro-organismes vivants, généralement des bactéries bénéfiques, qui, lorsqu'ils sont consommés en quantités adéquates, apportent des bénéfices pour la santé de l'hôte.
Santé intestinale :
Les probiotiques sont des micro-organismes vivants bénéfiques qui peuvent coloniser l'intestin et favoriser un équilibre microbien sain. Ils aident à maintenir une flore intestinale équilibrée en renforçant les bonnes bactéries et en inhibant la croissance des bactéries pathogènes.
Santé intestinale :
Ils peuvent aider à prévenir et à traiter la diarrhée, qu'elle soit due à des infections, à des changements alimentaires ou à d'autres facteurs.
Système immunitaire :
Les probiotiques renforcent le système immunitaire en favorisant la production d'anticorps et en régulant la réponse immunitaire. Un microbiote intestinal équilibré est crucial pour une fonction immunitaire optimale.
Digestion et absorption des nutriments :
Les probiotiques améliorent la digestion en favorisant la dégradation des nutriments et en augmentant la biodisponibilité des vitamines et des minéraux. Cela peut conduire à une meilleure absorption des nutriments essentiels dans l'alimentation.
Réduction des allergies et sensibilités alimentaires :
Certains probiotiques peuvent aider à moduler la réponse inflammatoire dans l'intestin et à renforcer la barrière intestinale, ce qui peut réduire le risque d'allergies alimentaires et d'intolérances chez les chiens prédisposés.
Système réduction du stress et de l'anxiété :
Des études ont suggéré que les probiotiques peuvent avoir un impact positif sur le comportement et l'humeur en influençant la communication entre l'intestin et le cerveau. Cela peut être bénéfique pour les chiens sujets au stress ou à l'anxiété.
Probiotiques LAPSA : Enterococcus faecium, levures de bière
Sources : [1-2-3-4-5] Thèse 2021 du Docteur vétérinaire PIERRE Jonathan et du docteur vétérinaire VIÉMON-DESPLANQUE Joffrey : Conception d’un support pédagogique videoludique sur le thème de la nutrition des carnivores domestiques. [6-7] LARRIVIERE Amandine (ingénieure agronome de Bordeaux Science Agro) : Comparaison de la digestibilité et de l’appétence de 4 références de croquettes : 2 italiennes et 2 belges du fabricant de croquettes United Petfood, veille bibliographique,