
Par Amandine Larrivière, ingénieure agronome responsable de la communication scientifique chez LAPSA.
Publié le 3 décembre 2024
Temps de Lecture 7 min.
Les besoins physiologiques des chiennes gestantes ou en lactation
Dans ce nouvel article sur la gestation et la lactation canine, nous allons aborder les besoins physiologiques des chiennes gestantes et en lactation et le calcul du rationnement qui en découle.
📋 Les 10 conseils clés pour une bonne gestion de la gestation, lactation de la chienne :
Adaptez l'alimentation dès la 5ᵉ semaine de gestation : introduisez une alimentation riche en protéines, matières grasses, glucides et énergie.
Optez pour des croquettes spécifiques comme LAPSA Croissance ou une alimentation adulte adaptée.
Calculez une ration précise : ajustez les portions en fonction du poids de la chienne et de ses besoins énergétiques croissants. Utilisez les calculs du BEG (Besoins Énergétiques de Gestation) et du BEL (Besoins Énergétiques de Lactation) pour définir une ration quotidienne. Attention, lors de la lactation, il faut recalculer la ration semaine après semaine. Vous pouvez contacter le service client LAPSA pour un programme personnalisé.
Hydratez abondamment : mettez toujours de l’eau fraîche à disposition. Pendant la lactation, les besoins de la chienne peuvent atteindre 15 % de son poids corporel, soit jusqu’à 6 litres/jour pour une chienne de 35 kg.
Surveillez le poids de la chienne : une prise de poids excessive ou insuffisante peut entraîner des complications. Pesez régulièrement la chienne ou déterminer sa note d’état corporel (NEC) et ajustez sa ration alimentaire en conséquence.
Préparez un espace de mise bas confortable : offrez un lieu propre, calme et sécurisé, où la chienne se sentira en sécurité. Maintenez une température d’environ 25°C.
Fractionnez les repas : à partir de la 5ᵉ semaine de gestation, la capacité d’ingestion diminue. Donnez plusieurs petits repas par jour pour assurer une alimentation équilibrée.
Surveillez les chiots et complémentez si nécessaire : pesez les chiots régulièrement pour suivre leur croissance. En cas de manque de lait maternel, utilisez un lait maternisé adapté.
Répondez aux besoins spécifiques en lactation : pendant le pic de lactation (semaine 4), les besoins énergétiques de la chienne sont multipliés par 3 à 4. Continuez à utiliser l’alimentation LAPSA Croissance.
Réduisez progressivement les rations après la lactation : à partir de la 5ᵉ semaine de lactation, diminuez la ration alimentaire pour revenir progressivement à l’alimentation d’entretien. C’est à dire la ration qu’avait la chienne avant la gestation.
Anticipez les problèmes et consultez en cas de doute : contactez votre vétérinaire pour toute situation anormale : baisse d’appétit, écoulements suspects, faible production de lait, mauvaise croissance des chiots.
Pour en savoir plus, vous pouvez poursuivre avec la lecture de l’article.
Les femelles en bonne santé sont les plus aptes à se reproduire. Les critères de choix des femelles reproductrices sont multiples : génétique, caractère, physique… Et selon plusieurs études et observations, les femelles ayant un poids idéal sont des bonnes candidates. La gestation étant courte, les problèmes et surtout ceux de poids, ne pourront pas être corrigés pendant et doivent donc être gérés avant la mise à la reproduction.
Le poids est un indicateur clé pour le suivi de la gestation et doit être surveillé tout au long de cette période ainsi que pendant la lactation.
En effet, les besoins énergétiques et les apports en nutriments de la chienne sont déterminés en fonction de son poids. La prise de poids chez la chienne gestante se manifeste principalement en fin de gestation, en parallèle du développement des fœtus, et elle perd presque entièrement ce poids après la mise-bas. Ainsi, au cours de la première moitié de la gestation, ses besoins nutritionnels restent similaires à ceux d’avant la reproduction. Un des principaux risques durant cette période est une prise de poids excessive, pouvant conduire à une situation d’obésité et compliquer la mise-bas (Lefebvre, 2019).

Cas de figures existants :
Une femelle en maigre, en sous-poids ou carencée sera moins fertile. En effet, elle pourrait donner naissance à des chiots plus petits, plus sensibles aux infections et aux hypoglycémies avec des chances de survies réduites. Les risques d’avortements ou de mort prématurée sont également augmentés (Devaux, Teyssier, 2023).
Des chiennes en surpoids ou en obésité sont moins fertiles car les cycles sont perturbés et les chaleurs moins visibles. La gestion est donc plus difficile pour les éleveurs. Il y a plus de probabilité pour une femelle en surpoids de produire des fœtus ayant un poids et une corpulence plus importante que la moyenne ce qui augmentera le risque de difficulté à la mise-bas. Le surpoids peut également provoquer une diminution de la production de lait, impliquant une malnutrition des chiots (Devaux, Teyssier, 2023).
Il est également primordial que le mâle inséminateur ait un poids optimal pour maximiser sa fertilité (Devaux, Teyssier, 2023).
Les carences alimentaires chez la chienne gestante représentent un facteur de risque significatif pour la mortalité embryonnaire et la mortinatalité.
Pendant la gestation, l’alimentation doit couvrir : les besoins énergétiques d’entretien de la chienne, les besoins des tissus de gestation en croissance et les besoins des foetus. Si ces besoins nutritionnels ne sont pas intégralement satisfaits par l’alimentation, les besoins d’entretien de la mère seront sacrifiés en priorité.
Dans ces situations, l’organisme de la chienne mobilise des nutriments à partir des réserves corporelles, notamment le tissu adipeux, les muscles et le tissu osseux, afin de soutenir la croissance fœtale. En cas de déficits extrêmes, le corps réduira la demande nutritionnelle en diminuant le nombre de fœtus ou en provoquant un avortement.
Des affections comme l’hypoglycémie et l’hypocalcémie périnatale sont souvent liées à des déséquilibres alimentaires durant la gestation :
Hypoglycémie périnatale : elle peut résulter d’un déficit pondéral, d’une malnutrition ou d’une alimentation pauvre en glucides. Ce manque d’énergie disponible compromet la santé de la chienne et des chiots.
Hypocalcémie : cette affection est causée par un déséquilibre calcique dans la ration alimentaire, avec des conséquences graves sur la santé maternelle et fœtale.
Une alimentation adaptée et équilibrée est essentielle pour assurer la santé de la chienne gestante, prévenir les complications métaboliques et garantir le bon développement des fœtus.
Rappel des besoins nutrionnels d'une femelle en gestation
1er stade (semaines 1-4) : les besoins nutritionnels restent similaires à ceux d’une chienne adulte. Veillez à éviter une prise de poids excessive pour cela, les rations habituelles de la chienne ne doivent pas être augmentées.
2nd stade (semaines 5-9) : la croissance fœtale s’accélère. La consommation énergétique d’une chienne gestante semble plus ou moins « exponentielle » jusqu’à la 7-8ème semaine. Ainsi, à partir de la 5ème semaine de gestation l’aliment doit avoir une densité énergétique élevée (>4.0kcal/g), (Bouillod, 2013).
Des croquettes LAPSA chiots pour les femelles gestantes et allaitantes peuvent être utilisées, ou un aliment adulte suffisamment riche (pour le savoir, comparer les tableaux des constituants analytiques).

Le besoin alimentaire de la chienne décroît brutalement avant la mise bas. Cette diminution est due à une diminution de la capacité d’ingestion liée à la distension abdominale induite par la gestation (Bouillod, 2013). Il est nécessaire et primordial pour faciliter la prise alimentaire, de fractionner les repas dans la journée.
Définition des besoins énergétiques de la chienne en gestation
Les besoins énergétiques pendant la gestation correspondent à la somme des besoins énergétiques d’entretien d’une chienne adulte non stérilisée et non gestante (132 kcal EM/PV0.75 ) et des besoins liés au développement des tissus fœtaux et maternels. Mais il est difficile de quantifier ces derniers facteurs (Bouillod, 2013).
Nous prendrons en considération pour nos calculs, l’équation approximative fournie par le docteur vétérinaire et nutritionniste Sébastien Lefebvre de 2019 :
BEG(kcal) = 130 ∗ P0,75 + 26 ∗ P (Lefebvre, 2019).
Calcul de la ration de votre chienne gestation
Si votre chienne est en gestation, la ration est à revoir seulement à partir de la 5ᵉ semaine de gestation. Avant, les besoins de la chienne ne sont pas augmentés.
Pour calculer les besoins énergétiques de votre chienne, il faut connaître son poids actuel en kilos.
Calcul des besoins énergétiques en gestation :
Le service client LAPSA peut vous accompagner pour calculer les besoins précis de votre chienne.
👉 1er calcul - Besoins énergétiques en gestation
BEG (kcal) = 130 ∗ P⁰,⁷⁵ + 26 ∗ P (P = poids corporel de la chienne)
Il faut également connaître l’énergie métabolisable de votre aliment (cette valeur est indiquée sous les tableaux de constituants analytiques sur les packs LAPSA, sinon dans notre catalogue produit).
👉2nd calcul - Calcul de la ration
Ration (g/j) = (BEG/EM(kcal/kg))* 1000
Grâce à ce deuxième calcul, vous obtenez la ration en gramme/jour à donner à votre chienne.
Pensez bien à diviser cette ration en 2 ou 3 fois dans la journée. Votre chienne a une capacité d'ingestion diminuée surtout à partir de la 5ième semaine de gestation. Cette ration est une ration moyenne qui peut être augmentée selon l’état corporel de votre chienne et de son appétit. Attention cependant à ne pas faire de surdosage. L’obésité réduit la fertilité, complique la mise-bas, et peut diminuer la production de lait.
Dans les deux jours précédant la mise bas, il est possible que la chienne refuse de s’alimenter, ce qui est tout à fait normal. De même, après la délivrance, elle peut attendre jusqu’à 24 heures avant de reprendre une alimentation normale.
Important : veillez à toujours mettre de l’eau fraîche à disposition à côté de la gamelle.

Rappel des besoins nutrionnels d'une femelle en lactation
Les chiennes après la mise bas, peuvent jeûner et manger seulement 24 heures après. L’énergie alimentaire à fournir à une femelle en lactation doit couvrir l’effort énergétique de production du lait. Cela évite à la mère de puiser dans ces réserves d’énergie faible après la mise bas. Il est primordial que la lactation couvre les besoins des chiots jusqu’à 8 semaines (sevrage) pour leur assurer un développement optimal.
Pic de lactation (semaine 4) : la production de lait atteint son maximum, avec des besoins énergétiques 3 à 4 fois supérieurs à ceux d’une chienne à l’entretien.
Alimentation : pour votre chienne en lactation, préférez des aliments pour chiots riches en protéines, lipides, et énergie, adaptés aux besoins élevés de cette période.
Définition des besoins énergétiques de la chienne en gestation
Le besoin énergétique de lactation (BEL) dépend à la fois du poids et de la quantité de lait produite par la chienne. Qui dépend de deux paramètres : les semaines de lactation et le nombre de chiots de la portée. La lactation est la période où le besoin énergétique de la chienne (non sportive) est le plus important, de 3 à 4 fois le besoin énergétique de l’animal à l’entretien. L’équation suivante approxime le besoin énergétique de la chienne en lactation.
BEL(kcal) = 145∗P0,75 +P∗(24∗n+12∗m)∗L
Calcul de la ration de votre chienne en lactation
Calcul de la ration pendant la lactation de votre chienne
Il faut peser votre chienne allaitante. Il est indispensable de connaître le nombre de chiots à nourrir durant la lactation. Et enfin il faut déterminer la semaine de lactation. Pour chaque semaine, il y a un coefficient L différent qu’il faudra changer dans le calcul (voir tableau). De la 1 à la 4 ième seulement car de la 5 à la 8 ième, on diminue les rations progressivement pour revenir à la ration de la chienne avant gestation.)

Calcul des besoins énergétiques en lactation :
👉 1er calcul - Besoins énergétiques en lactation
Vous pouvez effectuer ce calcul en remplaçant le P par le poids actuel en kilos de votre chienne, le L par la valeur correspondant à la semaine de lactation et n et m par le nombre de chiots (cf exemple).
BEL (kcal) = 145 ∗ P⁰,⁷⁵ + P ∗ (24 ∗ n + 12 ∗ m) ∗ L
(n = chiots de 1 à 4, m = chiots supplémentaires, L = facteur selon la semaine de lactation donnée dans l’article, (P = poids corporel de la chienne))
Exemple :
pour une chienne qui a 3 chiots : n = 3 et m = 0
pour une chienne qui a 6 chiots : n = 4 et m = 2
pour une chienne qui a 9 chiots : n = 4 et m = 5
Il faut également connaître l’énergie métabolisable de votre aliment (cette valeur est indiquée sous les tableaux de constituants analytiques sur les packs sinon dans le catalogue produit).
👉2nd calcul - Calcul de la ration
Ration (g/j) = (BEL/EM(kcal/kg))* 1000
Grâce à ce deuxième calcul, vous obtenez la ration en gramme/jour à donner à votre chienne. Pensez bien à diviser cette ration en 2 ou 3. Cette ration est une ration moyenne qui peut être augmentée selon l’état corporel de votre chienne et de son appétit. Attention cependant à ne pas faire de surdosage. L’obésité réduit la fertilité, complique la mise-bas, et peut diminuer la production de lait.
Chaque semaine de lactation il faut recalculer le BEL. Toujours bien mettre de l’eau à disposition : le besoin en eau peut augmenter et représenter jusqu’à 15 % du poids corporel pendant la lactation (par exemple : cela peut représenter 5 à 6 litres/jour d’eau pour une chienne de 35 kg).
B. Allaitement des petits
Après la mise bas, les petits doivent boire le colostrum pour assurer un transfert d’immunité, d’anticorps. Le colostrum favorise la croissance du tube digestif, et a un effet laxatif qui permet aux chiots d’évacuer les premières matières fécales prénatales.
Voir notre article sur les chiots, importance des prébiotiques et de probiotiques.
Voir notre article sur la néomortalité.
Les laits de chienne et de chatte sont très similaires entre eux mais très différents de ceux des herbivores et ruminants. En effet, ils sont deux fois plus caloriques, riches en protéines et en lipides. Ils sont aussi beaucoup plus riches en fer et en cuivre (Devaux, Teyssier, 2023).
Si la mère ne produit pas assez de lait pour assurer la lactation complète, alors il faut passer sur une poudre de lait artificielle. Il est important de privilégier les laits maternisés vétérinaires contenant du DHA et qui ont un profil nutritionnel le plus proche possible du lait de chienne (Devaux, Teyssier, 2023). Les chiots doivent être pesés tous les jours pour s’assurer d’une bonne prise de lait et donc un développement normal. Les chiots doivent prendre 2 à 4g/kg de poids par jour. La première semaine les chiots ne peuvent pas boire plus de 10 à 20 ml par repas. Ils doivent donc manger toutes les 2h. En grandissant ils mangent toutes les 4 à 6h. Ils doivent boire environ 15ml/100g/j. Les chiots doivent toujours être nourris sur le ventre et non sur le dos pour éviter les fausses déglutitions. Ils doivent aspirer le lait eux-même. A partir de 3 ou 4 semaines ils peuvent manger des croquettes ramollies dans de l’eau et boire de l’eau. A partir de 5 ou 6 semaines ils peuvent commencer l’alimentation solide. Le sevrage se fait vers 7 à 8 semaines (Devaux, Teyssier, 2023).
Si vous avez besoin d'aide :
Pour calculer un programme de rationnement ou face à un problème d'alimentation lors de la gestation/lactation. Appelez-nous: nous avons les ressources, les connaissances et les logiciels de ration pour vous accompagner.

Vous pouvez également consulter nos articles sur le même sujet : la physiologie de la gestation /lactation et choisir une alimentation adaptée en termes de nutriments.
Sources bibliographiques :
Bouillod, Charlotte , 2013, Elaboration pratique d’un support pédagogique et de fiches techniques pour la gestion de la gestation chez la chienne, thèse our obtenir le grade de Docteur Vétérinaire.
Debraekeleer, J, Gross, K.L. et Zicker, S.C. (2010) Feeding Reproducting Dogs. In : Hand, M.S.,Thatcher, C.D., Remillard, R.L., Roudebush, P. et Novotny, B.J. Small animal clinical nutrition 5th edition. Mark Moris Institute, chapter 15, pp. 281-292.
Devaux Charlotte, Teyssier Pauline, Adaptation des besoins en reproduction, cours de la formation Arginine Nutrisolo.
Lefebvre, Sébastien, 2019, Nutrition Vétérinaire du Chien et du Chat Troisième édition, version de travail.
