Par Amandine Larrivière, ingénieure agronome responsable de la communication scientifique chez LAPSA.
Publié le 04 mars 2024
Temps de Lecture 15 min.
L'environnement d'un élevage canin peut créer des conditions très favorables à l'apparition de parasites : stress et promiscuité des chiens, hygiène et gestion des locaux et équipements. La coprologie (l’étude des matières fécales) permet de diagnostiquer de de prévenir divers troubles gastro-intestinaux qui en découlent.
La coprophagie peut être motivée par divers facteurs : carences nutritionnelles, comportements instinctifs, problèmes digestifs ou conditions environnementales. Chez les chiens, cela peut parfois être un comportement normal chez les chiots, mais dans d'autres cas, cela peut indiquer un problème de santé ou un déséquilibre alimentaire.
De nombreux facteurs influencent la coprophagie : parasitoses digestives, prédispositions raciales, gastrites chroniques, mauvaise alimentation, troubles du comportement, et la conduite en élevage.
C’est un indicateur important pour les éleveurs canins, qui se traduit par de nombreuses bonnes pratiques à suivre avec constance.
Cet article a été rédigé avec l’aide de la thèse du docteur vétérinaire Gabrielle LAIRIE, LA COPROPHAGIE EN ÉLEVAGE CANIN: ÉTIOLOGIE ET TRAITEMENTS.
La coprologie est l'étude des matières fécales, également appelées selles, dans un contexte médical ou vétérinaire.
Elle est utilisée pour diagnostiquer divers troubles gastro-intestinaux, infections parasitaires et maladies digestives chez les humains et les animaux
L’examen de base de la coprologie est la coproscopie: une analyse simple et peu coûteuse des selle (environ 20 à 50€).
Quelle importance ?
Les parasites intestinaux sont courants chez les animaux carnivores domestiques. Cette prévalence découle de divers facteurs :
- le mode de vie (en propriété privée, en compagnie d'autres animaux, en élevage ou en chenil)
- le milieu de vie (urbain ou rural)
- l'âge (les jeunes étant plus susceptibles d'être parasités)
- la localisation géographique
- les méthodes de détection des parasites. Par exemple, la giardiose affecte environ 10 % des chiens de propriétaires, 30 à 50 % des chiots et 100 % des chiens en chenil
Les carnivores domestiques sont prédisposés à être parasités toute l'année en raison de leur comportement, notamment l'ingestion directe d'objets et d'aliments trouvés au sol, ainsi que la consommation d'eau stagnante.
La chasse de proies telles que les rongeurs ou la présence de puces sur les animaux augmentent également le risque de parasitoses. De plus, les propriétaires d'animaux ne procèdent pas toujours à une vermifugation régulière de leurs animaux
et surtout en élevage ?
L'environnement d'un élevage canin peut créer des conditions très favorables à l'apparition de parasites : stress et promiscuité des chiens, hygiène et gestion des locaux et équipements.
De ce fait, la coprologie revêt une grande importance en élevage canin car elle permet :
1. la détection des parasitoses et le diagnostic des infestations parasitaires. En identifiant les parasites présents dans les selles des chiens, les éleveurs peuvent prendre des mesures préventives et curatives.
2. une surveillance de la santé du troupeau par une pratique de coprologie régulière.
3. une prévention de la transmission des parasites : en identifiant les chiens infestés par des parasites, les éleveurs peuvent prendre des mesures pour éviter la transmission à d'autres chiens dans le troupeau. Cela peut inclure des pratiques de quarantaine, des programmes de vermifugation ciblés et des mesures d'hygiène strictes pour réduire le risque de contamination environnementale.
La coprophagie est le comportement consistant à consommer les excréments, généralement les matières fécales.
Cette pratique peut être observée chez diverses espèces animales dont les chiens. La coprophagie peut être motivée par divers facteurs tels que des carences nutritionnelles, des comportements instinctifs, des problèmes digestifs ou des conditions environnementales. Chez les chiens, cela peut parfois être un comportement normal chez les chiots, mais dans d'autres cas, cela peut indiquer un problème de santé ou un déséquilibre alimentaire.
3 types de coprophagie
Il est important de définir les différents types de coprophagie :
L'auto Coprophagie
Animaux mangeant leurs propres excréments, c’est un trouble du comportement alimentaire.
La coprophagie intraspécifique (ou allocoprophagie):
Animaux mangeant les excréments d’un autre animal appartenant à la même espèce, c’est un trouble du comportement alimentaire.
La coprophagie interspécifique :
Animaux mangeant les excréments d’une autre espèce, ce n’est pas un trouble du comportement alimentaire.
De nombreux facteurs influencent la coprophagie : les parasitoses digestives, les prédispositions raciales, les gastrites chroniques, la mauvaise digestibilité des aliments, des carences en vitamines, les troubles du comportement, et la conduite en élevage.
Une remarque importante : un excrément dans lequel des nutriments se retrouvent peu ou pas digérés (matière grasse, fibres musculaires, amidon) reste en général « appétissant » pour l’excréteur et pour ses congénères. Il est important de considérer donc l’animal qui fait de la coprophagie mais également celui qui est l’auteur des selles mangées. Car le souci vient peut-être de lui.
1- Parasitoses digestives
Un parasitisme digestif intense peut conduire à la coprophagie, suite aux carences occasionnées par les différents agents.
Les parasites digestifs du chien peuvent empêcher l'absorption normale des nutriments lors de la digestion d’un aliment : l’assimilation glucidique, protéique ou lipidique de la ration est perturbée, rendant les selles anormalement appétentes dû à la présence des nutriments non digérés.
La coproscopie doit être effectuée en priorité lors de coprophagie. En effet, 90% des chenils confrontés à ce trouble présentent une coproscopie parasitaire collective positive à au moins un parasite digestif.
La coprophagie participe à l’accomplissement des cycles parasitaires en chenil et à l’auto-entretien du cercle vicieux « maldigestion-coprophagie ». Car les chiens infestés nourrissent leurs congénères ou eux-mêmes avec des selles infectées et les infectent ou s’infectent à leur tour…
L’emploi systématique des antiparasitaires favorise la résistance de ces parasites et par voie de conséquence les réinfestations et l’émergence des parasitoses digestives.
2- Prédispositions raciales et déficits enzymatiques
Si les chiens de grandes races semblent prédisposés aux troubles de la digestion ou de l’assimilation (la longueur de leur tube digestif étant proportionnellement plus réduite que chez les chiens de petit format).
Les petites races de type Shih-Tzu, Lhassa-Apso, Cavaliers King Charles, Pékinois, Caniche, Cocker présentent paradoxalement plus souvent de la coprophagie en collectivité.
Certaines races rustiques (Beaucerons, chiens de chasse ou races nordiques), voire certaines lignées, sont plus fréquemment atteintes d’un déficit en amylases, donc plus volontiers coprophages puisque il existe une persistance de grains d’amidon appétents dans les selles.
La prédisposition raciale peut s’observer entre 4 et 10 mois et s’estompe ou disparaît après 1 an.
A savoir :
Parmi ces déficits, l’insuffisance pancréatique exocrine (IPE) est une affection fréquente chez le chien. Une prédisposition génétique pour l'atrophie pancréatique existe chez le Berger Allemand et le Colley. Selon une étude effectuée en 1995, 20% des chiens insuffisants pancréatiques présentent un comportement coprophage et 60% d’entre eux cessent d’ingérer leurs propres excréments après l’instauration d’un traitement aux enzymes pancréatiques. Toutefois, les mêmes résultats ne peuvent pas être obtenus dans les collectivités canines où le comportement d’imitation entretient la coprophagie, même après le traitement.
3- Gastrite chronique et pica
Lorsqu’un chien est atteint de gastrite chronique, le trouble du comportement nommé « pica » peut subvenir.
Le “pica” est un trouble du comportement alimentaire qui se traduit par de l’ingestion d’herbe, de terre, de cailloux ou du léchage des matériaux environnants (sols, murs, grillage...).
A savoir :
Contrairement à une idée reçue, l'animal mangeant de l’herbe, ne se purge pas de ses parasites. L’animal ne comble pas non plus de carences alimentaires : la cellulose et la lignine contenues en grande proportion dans les végétaux, n’étant pas digestibles.
Le comportement de pica est souvent lié à un phénomène d’« irritation stomacale », le chien ingère des végétaux non digestibles mais riches en fibres insolubles (cellulose de l’herbe, lignine du bois...) pour se soulager par le vomissement.
Ainsi, le pica serait secondaire à la gastrite et non la cause de cette inflammation, il ne ferait qu’aggraver la gastrite préexistante.
La coprophagie pourrait être incluse dans le syndrome « pica ».
En effet, quand un chien souffre de gastrite chronique, ces indigestions sont nombreuses et sensibilisent à une mauvaise stérilisation bactérienne du bol alimentaire, à une mauvaise prédigestion par la pepsine et à une vidange massive et irrégulière de l’estomac qui compromet l’efficacité de la digestion dans l’intestin grêle, rendant ainsi les selles de l’animal malade anormalement appétente pour lui-même ou ses congénères.
4- Mauvaise digestibilité de l’aliment
La digestibilité des nutriments composant une croquette est primordiale. Les nutriments des croquettes les moins digestibles par l’organisme vont se retrouver dans les selles, à l’issue de la digestion. La composition chimique des fèces dépend directement de la composition des aliments et de leur digestibilité. La quantité de protéines, leur valeur biologique et les fibres végétales exercent l’influence la plus significative sur la consistance et l’odeur des fèces.
Si beaucoup de nutriments peu digestibles sont intégrés dans les croquettes, les fèces à la fin de la digestion peuvent contenir ces nutriments, être appétentes et donc être consommées.
Si cela ne vient pas directement de l’aliment, c’est l’organisme de l’animal qui peut mal accepter et digérer l’aliment et ses nutriments.
Quelques causes de maldigestion : changements brutaux de régimes alimentaires, surcharges alimentaires, excès de glucides ou de protéines enzymorésistantes et dégradables par les bactéries intestinales, nourriture trop riche en matières grasses …
Pour en savoir plus sur les 14 cas de problèmes de digestion du chien,
Qu’est ce qui fait que les selles soient “appétissantes”
L’ingestion d’aliments peu digestibles et de mauvaise qualité engendre :
- un dysmicrobisme caeco-colique d’origine glucidique (céréales, fibres végétales) : production d’acides gras volatiles par fermentation dans les selles
- une production de déchets putrides par maldigestion protéique (collagène mal cuit, aponévroses, tendons, kératine de poils, cuir, cornes ou plumes).
Ces selles sont altérées par un pH plus alcalin et ceci peut les rendre plus appétentes et donc inciter les chiens à la coprophagie.
5- Carences vitaminiques
Gabrielle LAIRIE, docteur vétérinaire, lors de sa veille bibliographique établit que “La plupart des chiens présentant un comportement coprophage n’ont pas de signes cliniques évoquant de carences. Les cas de coprophagie liés à une carence alimentaire sont donc une cause anecdotique chez le chien.”
6- Troubles du comportement
De nombreux autres troubles du comportement peuvent engendrer la coprophagie chez les chiens, notamment en élevage.
a. Compétition alimentaire
La distribution de la nourriture dans des enclos ou box où les chiens sont à plusieurs, encourage le phénomène de compétition alimentaire. La compétition alimentaire entre plusieurs chiens peut entraîner une augmentation de la vitesse d’ingestion des repas, et une surconsommation. Cette surconsommation accélère le transit digestif ou dépasse les capacités digestives des enzymes et conduit à une mauvaise assimilation des nutriments.
b. Ennui, claustration, stress, contrainte
“L’ennui, la claustration, le stress, la contrainte ou l’anxiété peuvent déclencher des épisodes transitoires de coprophagie. Par imitation (des congénères ou de l’éleveur qui ramasse les crottes), ce trouble du comportement se propage rapidement à tous les chiens de l’élevage.” selon la veille bibliographique du docteur LAIRIE
c. Troubles hiérarchiques
“Les chiens dominés sont enclins à se rouler dans les excréments des chiens dominants afin de s’imprégner des phéromones véhiculées, ils les mangent et sont même amenés à présenter d’autres comportements atypiques. Ils sont également prédisposés à la coprophagie, sans doute pour faire disparaître toute trace olfactive de leur passage. Il arrive que des chiens mangent une partie de certaines selles et se roulent dans le reste.” toujours selon le docteur Gabrielle LAIRIE.
d. Renforcement par une correction inappropriée
Une correction inappropriée lors d’un épisode de malpropreté incite l’animal à faire disparaître ses excréments par le développement de la coprophagie.
Le chiot peut aussi prendre cela comme un jeu avec son maître : quand le maître ramasse les crottes pour que son chien ne les ingère pas, le chien cherche alors à les ingérer le plus vite possible pour ne pas en être privé.
C’est aussi un moyen pour le chien d’attirer l’attention de son maître.
e. Pathologies comportementales à l’origine de coprophagie
La séparation précoce de la mère et des chiots et l’hypostimulation sensorielle des chiots sont 2 causes de développement de pathologies comportementales qui peuvent induire la coprophagie.
La coprophagie présente peu de risques sanitaires pour le chien adulte qui neutralise les bactéries développées sur les selles ingérées grâce à son acidité gastrique. Mais attention, cela peut être mortel chez les chiots ou les chiens âgés dont le pH gastrique est un peu moins acide.
Le risque avec la coprophagie est celui de la transmission parasitaires : transmission féco-orale de kystes de giardia, d’oeufs d’helminthes (trichure, toxocara) ou de formes de résistance rapidement infestantes (ookystes de coccidies ou cryptosporidies).
En effet, sur les excréments, restés trop longtemps sur place, peuvent se développer des larves de mouches, de bactéries, de champignons…Il faut donc ramasser régulièrement les crottes en élevage.
La prévention
Quelques règles à suivre pour éviter l’apparition de la coprophagie
Le suivi
Suivre régulièrement l’état de santé de l’élevage avec une pratique régulière de coprologie.
Choisir une alimentation de qualité.
Le choix de l’alimentation est primordial, pour les performances des chiens, pour la rentabilité économique de l’élevage et également pour l’hygiène (limiter les mal digestions, les épisodes de diarrhées, le développement de parasites, de coprophagie..).
Par exemple, une alimentation riche en amidon favorise la coprophagie, alors qu’une alimentation riche en lipides et en protéines freine ce comportement. Lors des pics de croissance, une ration à faible apport énergétique peut conduire le chiot à un comportement de coprophagie.
Bien nourrir
Eviter la faim qui peut entraîner un comportement coprophage pour se sentir rassasié :
- les repas pourraient être trop pauvres,
- les repas pourraient ne pas être assez consistants
- les repas pourraient être trop espacés dans le temps
Garder une alimentation similaire
Eviter une variation trop fréquente de la composition de la ration alimentaire qui peut également conduire à la coprophagie, dûe à des épisodes de maldigestion, rendant les selles appétentes.
Les bonnes pratiques
il y a également un lien entre la coprophagie, l’hygiène et les conditions de vie des chiens dans l’élevage :
- éviter la détention d’un trop grand nombre de chiens dans un espace trop restreint.
- éviter la compétition alimentaire, ainsi que l’ennui, la claustration, le stress, la contrainte ou l’anxiété.
- la circulation des animaux et du matériel doit toujours se faire du propre vers le sale, jamais dans le sens inverse.
- le ramassage et l’élimination des déchets, des déjections et du matériel souillé doivent être le plus rapides possible.
- la conservation des aliments doit se faire dans des locaux secs, aérés, isolés du chenil.
Le traitement de la coprophagie
Traitement des excréments
a. Retrait des excréments
Il faudrait retirer rapidement les fèces mais cela n’est pas toujours possible dans les gros élevages.
b. Modification de la consistance des selles
On pourrait également imaginer le déclenchement d’une diarrhée fonctionnelle. Cette dernière rendant les selles liquides pourraient dégoûter le chien. Ou changer d’alimentation en augmentant la teneur en fibres pour diminuer la palatabilité des selles qui seraient rendues sèches et granuleuses.
c. Aversion pour les excréments
Il est assez courant d’essayer de rendre les selles moins appétantes pour dissuader les chiens de les manger. répulsifs à saupoudrer sur les excréments : poivre, moutarde, piment, tabasco, quinine, parfum, kérosène, monoglutamate de sodium... Le chien consommera les selles traitées et présentera une réaction aversive et devra cesser. Mais il faudrait traiter 100% des selles et le chien ayant un odorat très développé saura faire la différence si les selles ne sont pas toutes traitées.
Sinon, il existe des protéines à mélanger à la ration : c’est un complément alimentaire sous forme de poudre qui donnerait un mauvais goût aux selles. Ceci est à saupoudrer sur la ration du chien. levure de bière qui peut atténuer le comportement de coprophagie, par modification de l’odeur des selles.
Traitement du parasitisme digestif
Protocole décrit dans la thèse vétérinaire du docteur Gabrielle LAIRIE. Nous vous conseillons de vous référer à votre vétérinaire.
“La limitation de la population parasitaire dans un effectif de chiens est nécessaire puisque le parasitisme entraîne inévitablement une baisse des performances (retard de croissance, séquelles de malabsorption...) des chiens.
Un traitement antiparasitaire « en aveugle » (sans coproscopie parasitaire préalable) est, pour ces raisons, fortement déconseillé en cas de coprophagie en élevage, car inefficace.
Quels que soient les parasites digestifs identifiés et dénombrés lors de la coproscopie parasitaire collective, il importe de considérer l’ensemble de l’élevage comme potentiellement infesté et de traiter simultanément tout l’effectif (parfois pendant 5 jours consécutifs en cas de trichurose) : la médecine canine en élevage est une médecine de groupe.
Il s’avère difficile, voire impossible de s’affranchir d’une parasitose digestive en élevage. En prévention, il convient d’administrer un vermifuge (fenbendazole) sur les femelles en période d’activité sexuelle (25 mg/kg/j, 5 jours).
a. Certaines règles doivent être respectées pour éviter l’apparition de chimiorésistance
• utilisation à bon escient et à dose adéquate de l’antiparasitaire
• maintien d’un équilibre hôte-parasite, c’est à dire une charge parasitaire faible (grâce à une désinfection des locaux et à une vermifugation régulière) et un statut immunitaire de l’hôte correct
• association simultanée ou successive de plusieurs familles d’antiparasitaires chez le même animal
b.Il ne faut pas négliger l’assainissement de l’environnement ni les mesures prophylactiques médicales:
• isolement des animaux nouvellement arrivés - Examen coproscopique avant vermifugation pour chaque chien à l’arrivée et une semaine après
• dépistage coproscopique ponctuel par échantillonnage au sein du chenil
• nettoyage quotidien des courettes individuelles, désinfection régulière, évacuation des eaux usées
• eau de javel dans les récipients pour la nourriture et l’eau
• gravillonnage des abords des courettes
• élimination quotidienne des excréments
• entretien régulier du pelage - Lutte contre les puces et les rongeurs
• vermifugation systématique des chiens amenés à se déplacer
• vermifugation bisannuelle des adultes - Vermifugation des lices quelques jours avant la saillie et la mise-bas, quelques jours après la mise-bas et au moment du sevrage
• vermifugation des chiots à l’âge de 2 semaines puis tous les mois jusqu’à l’âge de 6 mois. Utilisation de plusieurs molécules en alternance et à des posologies adéquates (pour prévenir la sélection de lignées parasitaires résistantes)
Lors de coproscopie parasitaire positive, le seul traitement antiparasitaire est parfois suffisant pour atténuer la coprophagie en moins d’une semaine. Toutefois, ce traitement mérite parfois d’être accompagné d’une thérapie comportementale afin de déconditionner progressivement les animaux.
Traitement des insuffisants pancréatiques
Protocole décrit dans la thèse vétérinaire du docteur Gabrielle LAIRIE. Nous vous conseillons de vous référer à votre vétérinaire.
“La réussite du traitement de l’insuffisance pancréatique exocrine dépend moins de l’aliment que de l’apport exogène d’enzymes pancréatiques au cours de chaque repas, en quantité adaptée à l’aliment consommé
.
Lors d’insuffisance pancréatique confirmée, un traitement à l’aide d’aliments adaptés et d’enzymes pancréatiques exogènes suffit souvent à améliorer rapidement l’état général des chiens (prise de poids, baisse du volume des selles et de la fréquence des défécations, réduction des flatulences et borborygmes)
Sur le plan de l’adaptation du régime alimentaire, l’insuffisance pancréatique exocrine invite principalement à :
• nourrir le chien pour le poids qu’il devrait peser idéalement
• choisir un aliment de bonne digestibilité, en particulier des protéines (viande fraîche, oeufs cuits, poissons frais, produits laitiers fermentés) et de l’amidon (flocons de céréales, déchets de biscuiterie, riz): digestibilité supérieure à 90%
• donner une ration à faible teneur en fibres insolubles, c'est-à-dire pas plus de 2% de cellulose brute/Matière sèche pour ne pas diminuer la digestibilité
• accroître les supplémentations en vitamines liposolubles (A, D, E, K)
• en début de traitement, supplémenter en vitamine B12 si une prolifération bactérienne a été mise en évidence
• fractionner la ration quotidienne en 3 repas par jour pour faciliter la digestion de la ration
Ainsi, il est possible d’améliorer sensiblement la digestibilité de la ration chez les chiens malades. L’effet thérapeutique peut être rapide (en 4 à 5 jours), la prise pondérale doit être régulière.
Lorsque le déficit enzymatique est corrigé, tous les troubles du comportement qui favorisent la coprophagie méritent d’être explorés si ce comportement persiste. “
Modalités d'alimentation
1. Satiété
Adaptation des repas
• Augmenter le nombre de repas (2 à 3/ jour à heures fixes)
• Recalculer les besoins des chiens
Quantité de fibres
• Augmentation de la quantité de fibres
• Régime plus riche en fibres
• Régime à haute teneur en protéines et en lipides avec peu de glucides
Diminuer la digestibilité du régime
• Augmenter la vitesse du transit et diminuer la digestibilité :
Cela permet d'augmenter la quantité, la fréquence et le volume des selles, mais change aussi leur qualité (selles sèches, parfois granuleuses) donc leur palatabilité pour le chien coprophage.
(Attention, induit une récupération des selles plus fréquente)
Diminuer la vitesse d’ingestion
• Séparer les chiens au moment de la distribution des repas
• Utiliser un distributeur de croquettes
• Placer un gros galet au milieu des gamelles afin d’obliger les animaux à saisir chaque croquette du bout de la langue
2. Digestibilité
“L’éleveur peut vérifier la digestibilité de l’aliment en pesant les entrées (matière sèche ingérée sur 24h) et les sorties (quantité de selles brutes obtenues sur 24h). Un aliment très digestible génère en moyenne chez un chien sain, 40 à 50 grammes de résidus fécaux pour 100g de matière sèche ingérée (un aliment sec contient généralement moins de 10% d’humidité).” selon la recherche bibliographique du docteur Gabrielle LAIRIE.
3. Traitement de la ration
Adapter le régime en fonction des races plus sensibles et prédisposées : pour les races beauceron, chiens de chasse, chiens nordiques, prévoir une ration restreinte en amidon.
Amélioration des conditions d’élevage des chiots
Si toutes les autres causes de coprophagie sont exclues. Alors il reste les cas de stress, d'ennui ou d'anxiété.
Les chiots dès leur plus jeune âge, ont besoin d’être stimulés raisonnablement. Ils doivent développer leurs différentes facultés comme l’exploration sensorielle. Ils doivent donc avoir un environnement riche, varié. Selon le docteur Gabrielle LAIRIE, “Une absence de stimulus peut conduire à l’ennui et à des troubles comportementaux (dermatite de léchage, boulimie, potomanie, coprophagie). Il convient donc de stimuler le chien dans une juste mesure car une stimulation excessive peut aussi entraîner un état de stress.”
Voici quelques idées, non exhaustives, de distractions, proposée par le docteur vétérinaire LAIRIE dans sa thèse :
• Les repas et toute autre activité (moments de détente, nettoyage...) doivent être aussi réguliers que possible.
• Ouverture de l'élevage sur le monde extérieur pour favoriser l'habituation à des personnes variées (visites d’écoliers...)
• La perception de sons (65 à 15000 Hz) participe à la socialisation des chiots, atténue les bruits extérieurs et apaise le stress du personnel (musique, radio...)
• La perception des couleurs (les chiens perçoivent mieux que l’homme le bleu et le vert par rapport au rouge et voient mieux dans la pénombre) : il n’est pas démontré que la teinte des revêtements ait une quelconque influence sur le comportement en élevage
• Distractions longues, fréquentes et variées (détente, jouets, agility)
• Lors de ses promenades, il faut distraire le chien en lui offrant jeux et copains
• Quand il est seul, des jouets creux remplis de quelques croquettes (rôle sur la satiété également possible), des objets à mâchonner le stimulent
Il est ainsi souhaitable de laisser quelques jouets et agrès facilement désinfectables à la disposition des pensionnaires, surtout si ces derniers n’ont pas accès régulièrement à une aire de détente ou un terrain d’agility.
D’après la vétérinaire Gabrielle LAIRIE,
Les excréments sont les résidus de l'alimentation après digestion. Ceux-ci sont colonisés par une flore bactérienne anaérobie qui se développe essentiellement au niveau du colon. Lors de l'émission des fèces, cette flore disparaît ou est inactivée du fait de la présence d'oxygène. Cette transformation est concomitante de l'oxydation des déjections qui, elle, se traduit par un brunissement rapide de la surface de ces déjections.
Les déjections, qui représentent une réelle source nutritive pour de nombreux micro- organismes, sont recolonisées par une flore aérobie qui entraîne les déjections vers une dégradation totale de type putréfaction.
Au plan chimique, l'eau est le constituant principal (70 à 75% du poids des fèces). L'azote est ensuite l'un des constituants majeurs. Il se présente sous différentes formes qui sont, des plus concentrées au moins concentrées: l'urée, l'ammoniac, les corps bactériens, les cellules exfoliées de l'épithélium intestinal (la totalité de la muqueuse se renouvelle en sept jours). On trouve également de nombreux poils constitués de kératine, protéine difficilement dégradable. Les autres constituants sont des minéraux, des restes glucidiques en très petite quantité. Ce déficit en carbone va déterminer l'évolution vers la putréfaction des déjections en milieu aérobie.
La consistance des selles
La teneur en eau dépend de :
• la digestion dans l’intestin grêle (une digestion insuffisante apporte un excès de substrat dans le gros intestin où il fermentera ; les produits de cette fermentation créent un appel d’eau).
• la vitesse de transit dans le gros intestin (un transit trop rapide diminue la résorption d’eau, une stagnation l’accélère). L’addition de fibres peut modifier la teneur en humidité des fèces et la fréquence des défécations.
Les fibres solubles contenues dans la ration peuvent réguler le transit par leur pouvoir hygroscopique, mais aussi générer une humidification des selles. Les fibres insolubles, quant à elles, accélèrent le transit et diminuent la digestibilité, mais donnent une consistance aux fèces.
L’odeur des selles
L’odeur des fèces dépend essentiellement des phénomènes fermentaires dans le gros intestin. Les rations riches en protéines de faible valeur biologique laissent un résidu favorable à la prolifération des germes GRAM-négatifs qui sont réputés donner des selles noirâtres, molles et malodorantes. Les protéines riches en collagène donnent des fèces très malodorantes.
Conclusion de la thèse du docteur vétérinaire Gabrielle LAIRIE :
Seuls 7% des éleveurs interrogés (n=30) pratiquent régulièrement des examens de selles sur les chiots, comme sur les adultes. La coproscopie n'est pas un réflexe pour les éleveurs.
70% des éleveurs, confrontés à la coprophagie ou non, seraient intéressés par un éventuel aliment mis sur le marché pour lutter contre ce trouble.
90% des élevages où le comportement coprophage est présent ont essayé de lutter contre.
79% des élevages coprophages ont demandé conseil à leur vétérinaire traitant.
Sources :
Thèse du Docteur vétérinaire LAIRIE, Gabrielle : La coprophagie en élevage canin: étiologie et traitements..