Témoignage d'Eric Charles
Eric Charles nous parle de son approche de l'alimentation des chiens dans le cadre d'un élevage.
Pourquoi est-ce que l'alimentation d'un chien dans le cadre d'un élevage est si spécifique ?
"Trop souvent, l’approche des laboratoires est de reprendre des produits conçus pour la grande consommation et de les revendre aux éleveurs dans des formats adaptés et avec des prix dégressifs. Cependant les chiens en élevage ne sont pas soumis aux mêmes conditions de stress et de confort. De plus ils ont une « mission » physiologique de reproduction…ce sont des actifs, leur organisme doit être en quelque sorte "coaché"."
"Exactement. Mais je vais même plus loin. Non seulement cette gamme est conçue spécifiquement pour les chiens en condition d’élevage mais nous avons une approche globale de programme nutritionnel qui englobe à la fois les besoins du tube digestif des animaux et la sélection d’un microbiote vers une action bénéfique globale qui débute sur le cerveau."
Dans le cas de la gamme Intégrale Spéciale éleveur, c’est différent ?
Mais encore ?
"Il faut savoir qu’un chien vit en élevage dans un contexte très particulier que l’alimentation est en mesure de prendre en compte pour supporter les fonctions physiologiques qui y sont particulièrement sollicitées …comme pour un chien de compétition sportive. "
"Oui bien sûr, de l’environnement général mais pas seulement. Avant cela, il y a d’abord l’objectif final de l’élevage, qui est double :
- la reproduction
- l’amélioration de la race
Et il se trouve qu’effectivement, ces objectifs sont poursuivis dans le cadre d’un environnement très différent de celui du chien de Monsieur tout le monde. Tout cela, l’alimentation doit le prendre en compte, et peut apporter sa part de solution."
Vous voulez parler de l'environnement ?
Vous voulez dire que l’alimentation peut améliorer la performance de reproduction d’un élevage ?
C’est ambitieux cette démarche !
"C’est exactement ce que nous voulons démontrer aux éleveurs. Chaque élevage est évidemment spécifique, et les résultats dépendront de ces particularités, mais ce que je peux déjà vous dire, c’est que :
- La vocation de reproduction impose un niveau d’activité élevé des lices et des chiens reproducteurs qui génère des besoins particuliers en termes de nutrition
- La relation entre les animaux, le stress de la compétition et de la concentration de population, tout cela crée un environnement qui modifie le comportement et le besoin alimentaire des chiens en général et du chiot en particulier
- Le terrain sanitaire est plus prégnant : nous sommes souvent dans un contexte de concentration de parasites, de virus et de bactéries...et ce sont d’ailleurs souvent les mêmes.
Ce contexte peut amener à chercher des solutions médicamenteuses, alors qu’une bonne alimentation qui prend en compte également le confort intestinal et l’équilibre d’un microbiote approprié et stable peut nous permettre de les diminuer voire d’éviter certains traitements qui en réalité, et tout le monde peut l’observer, ne s’avèrent pas satisfaisants sur le moyen long terme. On poursuit dans une voie sans issue à toujours devoir traiter plus et à la longue, on se rend compte que l’on s’enferme dans une crise sanitaire qui devient ingérable… Il y a d’autres solutions, plus naturelles, plus logiques et moins couteuses en réalité.
- Enfin le confort de vie : globalement, les conditions sont souvent bonnes, voire très bonnes, mais rien à voir avec le doux cocon d’une maison de particulier."
Vous conseillez déjà des éleveurs ?
"Oui. Et j’obtiens même d’excellents résultats, que je serai en mesure de communiquer dans le cadre de mes prochaines publications scientifiques
Il faut savoir qu’un vétérinaire nutritionniste peut, avec l’expérience de terrain, acquérir plusieurs compétences :
1. La connaissance générale et le sens de l’observation qui sont des facteurs clefs requis pour la pertinence de l’action « nutritionniste »
2. La connaissance des exigences physiologiques et métaboliques des animaux que l’alimentation entend nourrir (énergie et nutriments)
3. Savoir ce que vont devenir les nutriments assimilés, dans quelles chaines métaboliques ils sont susceptibles d’être utilisés, comment ils vont interagir, quelles sont les molécules qui vont en résulter, quels sont les déchets qui seront produits, comment ces derniers seront gérés, comment ils vont être éliminés….
4. Savoir collaborer avec l’appareil digestif : cet organe qui va des dents à l’anus en passant par les glandes annexes et qui est constitué d’une partie interne et d’une partie externe au corps (la lumière du tube digestif) tout aussi essentielle, notamment son microbiote intestinal dont le rôle considérable est peu à peu mis à jour par différentes études scientifiques
Ce n’est qu’à la lumière de ces connaissances et de l’appropriation de ces considérations physiologiques et environnementales particulières d’un élevage qu’une gamme d’aliments particulièrement adaptés peut surgir pour contribuer à une alimentation efficace sur le plan des besoins physiologiques et métaboliques de l’élevage, tout en permettant de limiter les risques sanitaires accrus, leurs causes et surtout leurs conséquences à moyen et long terme sur la performance des élevages au regard de l’amélioration des races, de la reproduction et des conditions de bien être physique et psychologique des animaux.
Aujourd’hui, je pense que le nutritionniste peut apporter une solution globale concrète et pertinente. Il n’y a pas besoin de sortir 150 produits ! Non il faut juste travailler de façon rationnelle et bien considérer avec humilité que l’équilibre naturel du microbiote intestinal et environnant a également un rôle fondamental à jouer dans la santé et qu’il faut le laisser s’exprimer et surtout pas le contraindre par des actions prophylactiques ou thérapeutiques malencontreuses …par manque de connaissance ou de discernement initial de tous ces équilibres du monde vivant."